Ambulances Joannes Docquier

www.lavenir.net a écrit:JODOIGNE - Voilà 41 ans que Jeanine Docquier court au secours des autres dans les ambulances de sa société. À 70 ans, elle est toujours sur pied de guerre.

«Je me vois encore enfiler les chaussures à talons de ma mère et mettre un rideau sur la tête. Je me déguisais en infirmière pour soigner mes petites sœurs qui étaient mes patientes. Je n’ai pas pu étudier parce que nous étions onze enfants à la maison. Mais ça ne m’a pas quittée. Plus tard, je me suis dirigée vers le secourisme, je suis devenue ambulancière et finalement, à 50 ans, je suis retournée sur les bancs de l’école pour décrocher mon diplôme d’aide médicale urgente.»

Voilà plus de 40 ans que Jeanine Docquier veille sur la santé des autres. Avec son mari, Hubert Joannes, elle fonde les ambulances Joannes Docquier en 1972. À Orp et puis très vite, leurs services sont happés par Jodoigne : «Il n’existait rien ici à Jodoigne. On était desservis par Tirlemont et Wavre. La commune et les pompiers étaient demandeurs.» Et les affaires prennent bien tout de suite. Le couple fait tout à deux. Malgré la présence de deux enfants. «J’aimais ce que je faisais alors, j’avoue que c’était dur mais ce n’était pas une tare. On démarrait de la maison et une dame s’occupait des enfants. C’est une vie de fous. Personne ne peut supporter ça…»

Une main de fer dans un gant de velours. En 43 ans de métier, Jeanine Docquier avoue en avoir vu de toutes les couleurs. Des scènes les plus tristes aux scènes les plus sanglantes, en passant par le grotesque. «Ce que je retiens, c’est l’humain. Tout ce que je vois dans les maisons, dans l’intimité des gens, je m’en fiche. Quelqu’un qui souffre dans son lit, qui a mal, et qu’on approche avec douceur, c’est déjà la moitié de ses souffrances qui s’envolent.»

Jeanine, cependant, ne peut s’empêcher de remarquer que les temps ont changé. Les gens aussi. «C’est vrai même pour les personnes âgées. Les gens sont moins respectueux, plus égocentriques. Aujourd’hui, on nous téléphone à n’importe quelle heure de la nuit même pour avoir une information sans aucun caractère d’urgence. Mais la nuit, c’est mon fils qui décroche et il est seul, car on ne peut pas payer des gens pour faire des permanences.»

À la mort d’Hubert Joannes, c’est le fils, Éric Kempeneers, qui a repris les ambulances Joannes Docquier pour aider sa mère. «Lui et moi, on est très proches. Quand il faut partir de nuit, je viens directement pour faire équipe avec lui.»

Pour assurer des services 7 jours/7 et 24 heures/24, il a fallu engager du personnel. Six personnes travaillent actuellement à temps plein pour la petite entreprise de Jeanine et son fils. La relève semble d’ailleurs bien assurée. L’une des filles d’Éric se passionne pour le métier. Elle a passé son brevet d’aide médicale urgente et veut entamer des études d’infirmières pour reprendre la société, même si ça grand-mère lui souffle : «C’est une vie de fou, personne ne peut supporter ça». Mais elle ajoute, les yeux brillants : «Quand les gens me disent ‘Merci, c’est comme un bouquet de fleurs. On aime faire du bien et les remerciements, ça nous donne envie de continuer.»