Plusieurs milliers de pompiers dans Paris contre le "démantèlement" de leur métier

PARIS (AP) — Noyés dans un brouillard rougeoyant de torches d'alerte, et dans un vacarme assourdissant de pétards, de sirènes et de cornes de brume, plusieurs milliers de pompiers professionnels (3.200 selon la police, 8.000 à 10.000 selon les syndicats) ont défilé sans incident jeudi à Paris contre une réforme de leur filière qu'ils considèrent comme un "démantelement" de la profession sur "l'autel de la rigueur de l'austérité".

Les syndicats CGT, CFDT, FA-SPP et Sud, à l'origine de la mobilisation, dénoncent notamment la possiblité offerte par cette réforme -signée entre le gouvernement et quatre autres syndicats minoritaires- d'un accès à la carrière de sapeur-pompier professionnel (Fonction publique territoriale) sans concours pour les pompiers volontaires ayant trois ans de service, et au grade salarial le plus bas, selon Sud. Ils dénoncent aussi un allongement de carrière pour pouvoir accéder au grade le plus élevé, selon eux.

Partis vers 14h30 de la place de la République, les manifestants en tenue d'intervention et certains coiffés de leurs casques ont défilé jusqu'à la place Danfert-Rochereau, tirant régulièrement des fusées de détresse rouge vers le ciel. "Filière sacrifiée par le plan d'austérité. Non au démantèlement de notre profession", pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège.

Sur le parcours, des groupes de manifestants juchés sur les balcons des immeubles ou les échafaudages déployaient des banderoles, ou tendaient à bout de bras de torches d'alerte enflammées. Les forces de l'ordre sont restées très discrètes et aucun barrage de CRS ou de gendarmes mobiles n'était visible dans les rues. Un précédent défilé, en novembre 2006, avait donné lieu à de sérieux accrochages avec les forces de l'ordre, faisant 15 blessés parmi ces dernières.

Les syndicats réclament maintenant le retrait "immédiat" du projet de décret d'application de la réforme. "Nous avions demandé à ce qu'une délégation soit reçue au ministère de l'Intérieur pendant le défilé. On se doutait bien que ça ne serait pas par Guéant lui-même avec le sommet du G-20 à Cannes, mais on nous a répondu mercredi soir qu'aucun rendez-vous n'était prévu, si ce n'est la semaine prochaine", a déploré le porte-parole de la CGT Bruno Lebel.

"Nous attendons du gouvernement qu'il accepte enfin d'appliquer les dispositions réglementaires et statutaires en matière de dialogue social en ouvrant de véritables négociations avec l'ensemble des organisations syndicales représentatives", souligne l'intersyndicale dans un communiqué. "Nous poursuivrons notre action dans ce sens avec détermination et en responsabilité", ajoute-t-elle. L'intersyndicale devait se réunir jeudi soir pour décider des suites à donner à la mobilisation. AP