Veste defibrillateur Zoll

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Un "gilet de sauvetage" remboursé par la Sécurité sociale

Paris, le samedi 6 juin 2015 – Depuis quelques semaines, un nouveau type de défibrillateur cardiaque externe portable est remboursé par la Sécurité sociale en France. La Life Vest 4000 commercialisée par Zoll Medical France se compose d’un moniteur, d’une veste (qui porte la ceinture d’électrodes), d’un chargeur et de la gaine du moniteur selon la description de la Haute autorité de Santé. Quatre électrodes sont fixées sur la ceinture qui assurent un contrôle du rythme cardiaque. Par ailleurs, « trois autres électrodes plus larges sont placées du côté dorsal (deux électrodes) et sur la ceinture (une électrode) de façon à délivrer un ou plusieurs chocs électriques antéro-postérieurs ». En pratique, en cas de détection d’un trouble ventriculaire grave, une alarme se déclenche. En l’absence de réponse du porteur à ce signal, un choc  électrique biphasique est administré (après "éjection" par les électrodes d’un gel destiné à protéger la peau du patient). Par ailleurs, les données rythmiques du patient sont transmises par bluetooth au service de cardiologue ayant prescrit l’utilisation du dispositif. Une assistance 24h/24 peut répondre aux questions des patients ; tandis qu’une formation précise à l’utilisation de la "veste" est essentielle, le placement des électrodes constituant une condition sine qua non de l’efficacité de ce dispositif.

3 300 patients pourraient en bénéficier chaque année

La Haute autorité de santé (HAS) qui a considéré le service médical attendu de "suffisant", en raison de son intérêt thérapeutique et de santé publique a retenu quatre indications. L’utilisation temporaire de la Lifevest est préconisée chez les patients dont le défibrillateur implantable a dû être retiré en raison d’une infection, chez ceux en attente d’une transplantation cardiaque, après revascularisation myocardique (si la fraction d’éjection ventriculaire gauche, FEVG, est inférieure à 30 %) et après un infarctus si la FEVG est inférieure à 30 % après 48 heures. L’utilisation est a contrario déconseillée chez les porteurs d’un pacemaker et chez les patients présentant un déficit mental, un traitement médicamenteux ou un handicap social les empêchant de bien comprendre le fonctionnement du dispositif. Au total, la HAS considère que 3 300 patients pourraient en bénéficier chaque année.

Ne pas utiliser la Life Vest chez les patients cibles, "un faux pas"

L’efficacité de la Life Vest a été confirmée par plusieurs études, notamment américaines. « Les données de survie sont similaires à celles des patients implantés d’un défibrillateur » avait ainsi considéré le docteur Mina Chung (Cleveland Ohio) à l’origine d’une étude publiée en 2010 dans le Journal of the American College of Cardiology. « La veste de défibrillation est bien un gilet de sauvetage (…). Ne pas la prescrire à ces patients à haut risque d’arythmie ventriculaire serait un réel faux-pas » avait de son côté remarqué le docteur Ralph Verdino (Philadelphie, Pennsylvanie) dans un éditorial publié parallèlement aux résultats du docteur Chung. Il soulignait cependant : « Si l’appareil est capable de délivrer un choc efficace, il ne faut pas oublier qu’il ne remplit pas les fonctions de stimulateur ».

Un précédent sans grand succès

Les limites de l’utilisation de ce type de dispositif sont pratiques. La veste reste assez lourde (1,5 kg) et difficile à garder la nuit. Néanmoins, en raison de la gravité des pathologies traitées, l’observance est plutôt bonne. Dans l’étude du docteur Chung, on constate un port de la veste 80 % du temps chez 71 % des patients. L’utilisation de ce gilet de sauvetage nécessite également une assez grande précision dans l’installation des électrodes. Les chocs inappropriés ne sont pas toujours évités  (la HAS en évoque 426 sur 50 000 utilisateurs) et des dysfonctionnements ont également été rapportés à la FDA. Mais l’obstacle majeur était en France jusqu’à aujourd’hui financier : son prix s’élève en effet à 3 180 euros par mois. Grâce au remboursement de la sécurité sociale, la Life Vest pourrait bénéficier à un nombre important de malades. Reste à savoir si cette étape permettra de plus largement diffuser ce type d’appareil, qui concerne aujourd’hui seulement une petite dizaine de malades en France (et plus de 60 000 dans le monde). En effet, l’ancêtre de la Life Vest 4000 avait elle aussi bénéficié d’un accord de remboursement ; ce qui n’avait cependant pas contribué à sa très large diffusion. Espérons que plus légère et plus performante, la Life Vest 4 000 connaisse un autre destin.

Aurélie Haroche